Et si ...

Par Robin Mor
Directeur des affaires publiques de la MNH

« Et si on faisait de la prévention un véritable axe partenarial RO-RC ?… »

Rarement une campagne pour l’élection présidentielle française aura été à ce point marquée par les radicalités. Embolisé jusqu’à la crise ukrainienne par les sujets de la sécurité ou encore de l’immigration, le débat public s’est construit ces derniers mois sur une volonté affirmée par certains candidats de cliver nos concitoyens, à travers des éructations permanentes et la recherche systématique de boucs émissaires.

Pouvons-nous considérer qu’il s’agit là d’une représentation fidèle des attentes des Françaises et des Français ? En réalité, rien n’est moins sûr !

Sondage après sondage, les Françaises et les Français nous indiquent tout le contraire. Loin de certains bruits médiatiques et politiques, nos concitoyens ont en réalité des attentes bien différentes. C’est ce que nous confirme l’Observatoire de la santé récemment révélé par la Mutuelle Nationale des Hospitaliers.

4 enseignements principaux peuvent être retirés de cette enquête, réalisée avec l’Ifop auprès d’un panel représentatif de plus de 1 000 Français.

Le premier enseignement de cette enquête nous confirme le décalage entre certains bruits médiatique ainsi que politique et la réalité des attentes de nos concitoyens.

Certes, la sécurité et l’immigration arrivent en troisième et quatrième position des sujets jugés prioritaires par les personnes interrogées. Mais ces thématiques qui ont saturé l’espace public ces dernières semaines sont littéralement écrasées par deux inquiétudes majeures pour nos concitoyens : le pouvoir d’achat et la santé.

En effet, 30 % des personnes interrogées citent le pouvoir d’achat comme le sujet prioritaire de l’élection présidentielle.

La santé, avec 14 % de citations, arrive en seconde position, alors même que ce sujet reste aujourd’hui encore totalement absent du débat public. Une preuve évidente de l’attention particulière qu’y portent les Françaises et les Français à la veille d’une échéance électorale majeure.

Le deuxième enseignement de notre Observatoire est le profond attachement qu’expriment les Français à leur hôpital public ainsi qu’aux agents hospitaliers.

Sur ce sujet, les inquiétudes de nos concitoyens sont fortes.

90 % des personnes interrogées sont tout à fait d’accord avec le fait que « l’hôpital public est en souffrance et mérite qu’on lui apporte des solutions immédiates et de long terme ». Ils sont, en parallèle, tout aussi nombreux à considérer que ce même hôpital public est, en réalité, « en danger ».

Le troisième enseignement de cette enquête révèle que la situation de nos hôpitaux publics s’impose comme un puissant sujet politique, un véritable enjeu électoral.

97 % des personnes interrogées estiment que dans le cadre de l’élection présidentielle de 2022, les « propositions qui viseront à protéger l’hôpital public et les agents hospitaliers doivent être un enjeu ». Ils sont 53% à considérer que cet enjeu doit être prioritaire pour les candidates et les candidats.

Le quatrième et dernier enseignement de notre Observatoire est pour sa part quelque peu surprenant, quoi que somme toute assez logique. En cohérence avec ce désir fortement exprimé de protection de l’hôpital public et des agents hospitaliers, 89 % des personnes interrogées jugent importante la mise en place d’une complémentaire santé et prévoyance de qualité pour les agents hospitaliers du service public.

C’est là un enseignement important, à l’heure de la mise en œuvre d’une réforme ambitieuse et structurante pour la protection sociale complémentaire de l’ensemble des agents publics.

Mais ces chiffres et cette enquête nous disent beaucoup plus.

Ces chiffres me semblent en effet exprimer une attente, une recherche, un désir bien particulier de nos concitoyens : un souhait de nouvelles espérances.

Car bien que notre société soit devenue très complexe, fragmentée, elle reste toujours majoritairement attachée aux valeurs républicaines qui la cimentent, au pacte social qui la rend fraternelle.

Loin de vouloir casser nos solidarités, les Françaises et les Français souhaitent les réparer, les renforcer. La santé est un élément essentiel, structurant, de ces solidarités et plus largement de l’ensemble de notre protection sociale. Nos concitoyens nous invitent à travers les attentes qu’ils expriment à en prendre le plus grand soin et à apporter des réponses concrètes, à la hauteur des défis qui sont les siens.

Nous partageons alors, toutes et tous, une responsabilité. Celle de participer activement à l’éclosion d’un projet collectif, rassembleur, en lien avec les valeurs de notre République, qui remette sur pied un système de santé en difficulté, et qui pourtant apporte tant à notre société. Les Françaises et les Français y sont profondément attentifs, et c’est là le cœur des enseignements de l’enquête de la Mutuelle Nationale des Hospitaliers.

Alors, sans plus attendre, faisons vraiment, ensemble, de la santé un enjeu majeur pour l’élection présidentielle de 2022.