LES PATIENTS NE SONT PLUS DES MALADES, CONFINÉS DANS LES ASILES DU XIXE SIÈCLE, LOIN DU REGARD DE LA SOCIÉTÉ, MAIS DES CITOYENS, DES MEMBRES À PART ENTIÈRE DE LA SOCIÉTÉ

Axelle Fructus

Elève Directrice d’Hôpital, promotion Nicole Girard-Mangin 2019-2020 à l’EHESP

L’épidémie de COVID-19 accélère l’évolution des conditions de cet accueil. Elle nous pousse aujourd’hui à donner une traduction nouvelle, encore plus concrète aux notions d’hôpital hors les murs, de liens ville-hôpital. Ce faisant, elle est une opportunité d’inscrire davantage le soin dans la ville et de favoriser l’inclusion de nos patients.

Alors que notre société se trouve repliée sur elle-même, confinée dans les appartements et les maisons, l’hôpital incarne mieux que jamais auparavant ce lieu d’accueil inconditionnel et universel.

Elève-directrice d’hôpital, j’ai la chance de faire mon stage de direction, pendant la gestion de la crise du COVID-19, dans un établissement de 4e ligne assurant entre autres des activités de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) et de psychiatrie.

L’hôpital dans la ville avant le COVID-19

La psychiatrie et les SSR n’ont pas attendu le confinement pour construire des projets de soins au plus près du lieu de vie des patients. En effet, ces deux filières de soins disposent de plusieurs modalités de prises en charge alternatives à l’hospitalisation complète à l’hôpital : hôpitaux de jour, centres médico-psychologiques (CMP), centres d’activité thérapeutique à temps partiel (CATTP), visites à domicile (VAD), équipes mobiles, hospitalisation à domicile (HAD)…

Ces différents outils permettent de réduire la distance entre l’hôpital et le lieu de vie du patient, en faisant intervenir l’hôpital dans la ville au plus près de ses patients. Les soignants délivrent leurs soins dans ces lieux-antennes de l’hôpital comme au domicile des patients. L’hôpital n’est donc plus uniquement ce lieu de soins assimilé à une ville dans la ville, mais bien un lieu de soins inscrit dans la ville. Les patients ne sont plus des malades, confinés dans les asiles du XIXe siècle, loin du regard de la société, mais des citoyens, des membres à part entière de la société.

Repenser la conciliation du projet de soin et du projet de vie du patient grâce au COVID-19

L’épidémie du COVID-19 rebat les cartes. Elle nous pousse à nous rapprocher davantage du patient. Les équipes de psychiatrie, de pédopsychiatrie, de SSR ou encore d’HAD de rééducation, d’abord déstabilisées par la fermeture partielle des structures ambulatoires, ont mis en place de nouvelles modalités de suivi : permanences téléphoniques, programmes de VAD lorsque des soins sont indispensables, téléconsultations via des applications web, vidéos de rééducation, visites d’équipes mobiles ou dans le cadre de l’HAD.

Les chefs et cadres de pôle avec l’ensemble des équipes de la direction ont travaillé de concert pour maintenir l’accès aux soins, dans des délais particulièrement réduits. Créer des protocoles de prise en charge des patients à leur domicile tout en garantissant la sécurité sanitaire des soignants, ouvrir des lignes téléphoniques pour assurer les permanences téléphoniques…

Avec la crise, d’autres filières de soins s’approprient ces pratiques extrahospitalières et proposent à leurs patients de nouvelles interactions comme des téléconsultations avec les futurs parents ou encore des vidéos pour répondre à leurs questions posées précédemment sur les réseaux sociaux.

En sortant le soin de ses murs, l’hôpital contribue, aujourd’hui plus que jamais, à changer le regard sur nos patients mais aussi notre perception de la maladie, des patients et du personnel hospitalier.