INTERVIEW
La CNAV favorise également le maintien au sein de leur domicile des retraités les plus autonomes à travers la promotion de l’adaptation des logements des personnes âgées à leur vieillissement…

Pierre MAYEUR

Directeur Général de la CNAV

Pouvez-vous nous établir un état des lieux des actions menées par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse en faveur de la prise en charge de la perte d’autonomie ?

Depuis 1967, la prévention de la perte d’autonomie fait partie intégrante des missions de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV). La création de l’Allocation Personnalisée Autonomie (APA) en 2001 l’a conduite à positionner sa politique de prévention sur le public des personnes âgées autonomes mais fragilisées (groupes iso-ressources 5 et 6) tandis que les personnes en GIR 1 à 4 relèvent de la compétence des départements. 

La CNAV a structuré, dans le cadre de sa convention avec l’Etat, sa politique de prévention autour de trois niveaux d’intervention :

• Une offre de prévention centrée sur l’information et le conseil, à l’attention de l’ensemble des retraités afin de bien vivre sa retraite (espace prévention sur le site www.assuranceretraite.fr, les livrets de l’assurance retraite, l’auto-évaluation en ligne de ses besoins en prévention) (niveau 1) ;

• Une offre d’actions et d’ateliers collectifs de prévention pour bien vieillir, organisée en partenariat interrégimes, à destination des retraités confrontés à de premières difficultés (conférences et ateliers collectifs, programmes partenariaux centrés sur la participation sociale et l’intergénérationnel) (niveau 2). 60 000 retraités ont ainsi bénéficié d’un atelier de prévention en 2014 ;

• Une offre de prise en charge globale du maintien à domicile, à travers une évaluation des besoins et la mise en place d’un plan d’actions personnalisé (PAP), destinée à un public fragilisé mais autonome (niveau 3). 320 000 retraités ont d’ailleurs bénéficié d’une aide individuelle au maintien à domicile en 2014. 

Le maintien à domicile est plébiscité par les français mais la famille ne pouvant agir seule, l’impasse est importante, que préconisez-vous ?

Le maintien des personnes âgées à domicile est selon la CNAV une des conditions d’un vieillissement actif. C’est la raison pour laquelle l’Assurance Retraite cible l’attribution des plans d’actions vers les retraités socialement les plus fragilisés ou confrontés à une situation temporaire de fragilité (hospitalisation, veuvage …) afin d’éviter ou de retarder la perte d’autonomie et permettre le maintien à domicile.

La CNAV favorise également le maintien au sein de leur domicile des retraités les plus autonomes à travers la promotion de l’adaptation des logements des personnes âgées à leur vieillissement. Elle intervient en ce sens dans le domaine de :

• l’aide à l’adaptation de l’habitat qui constitue un facteur essentiel pour le soutien à domicile. La politique que mène la CNAV à ce sujet, en étroite coordination avec l’ANAH, apporte une contribution aux objectifs des pouvoirs publics en la matière.

• du financement de la rénovation et de la construction de lieux de vie collectifs destinés aux personnes âgées autonomes et fragiles. La CNAV finance la rénovation de nombreux logements-foyers qui, en contrepartie, doivent développer des actions de prévention de la perte d’autonomie à destination de leurs résidents et s’engager à devenir des « résidences autonomie » comme le prévoit le projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement actuellement en cours de discussion au Parlement.

Le quotidien du Monde déclare le 10 mars 2015 dans ses colonnes « la droite a fait l’économie d’une réforme, la gauche fait une réforme à l’économie », approuvez-vous cette analyse?

Le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement, actuellement en cours de discussion au Parlement, constitue une réelle avancée pour les caisses de retraite.  Au-delà de son financement, le projet de loi « autonomie » se distingue par sa double ambition : celle d’anticiper les conséquences du vieillissement de la population et celle de concevoir la prévention de la perte d’autonomie comme une politique globale  couvrant tout le champ de l’avancée en âge : adaptation du logement, développement et promotion des lieux de vie collectifs, lutte contre l’isolement social, promotion des bons comportements et modes de vie susceptibles de favoriser le bien-vieillir des retraités, soutien à domicile et accompagnement social des retraités.

La CNAV se félicite que ce texte appréhende la question du vieillissement de manière globale et pas uniquement à travers le prisme des questions de santé ou des enjeux de prise en charge de la dépendance. 

En outre, à travers la participation des caisses de retraite et de la santé au travail (CARSAT) aux conférences départementales des financeurs dont la création est prévue par le projet de loi autonomie, la CNAV entend consolider ses partenariats avec les conseils départementaux et d’autres acteurs locaux de la prévention, tels que les agences régionales de santé.

Le programme coordonné des financements des actions individuelles et collectives de prévention qui sera géré par cette nouvelle instance en complément des prestations légales ou réglementaires, permettra d’optimiser la coordination des financeurs locaux de la prévention afin de favoriser l’autonomie et le soutien à domicile des personnes âgées.