Tribune

Portrait de CLARISSE LHOSTE, Présidente de MSD France
Oser investir dans la simplification du parcours vaccinal nous permettra de prévenir des maladies infectieuses évitables

CLARISSE LHOSTE
Présidente de MSD France

La France a connu ces derniers mois une des plus graves crises de son histoire aux conséquences multiples. Nous subissons une crise sanitaire sans précédent, qui a frappé en premier lieu des personnes déjà fragilisées par l’âge ou la maladie. Nous connaissons une crise économique, la gestion de la pandémie ayant nécessité la mise en place de mesures fortes de freinage. Et nous risquons une crise sociale, les Français, notamment les plus jeunes, ayant été durement éprouvés par les restrictions en place.

Alors que nous pouvons espérer une fin progressive de la phase aigüe de la pandémie, notre pays se trouve à la croisée des chemins. Nous quittons une période pendant laquelle la gestion du court terme a primé et nous entrons dans une séquence nouvelle, où les choix de relance qui seront faits engageront notre pays sur le long terme. Dans ce contexte, ma conviction profonde est qu’il faut oser l’audace. Il faut aujourd’hui oser investir de manière significative, pérenne et résolue pour la santé de nos concitoyens, pour relancer notre économie et pour créer de la valeur pour la société.

La pandémie de COVID-19 a constitué un puissant révélateur de l’importance de mieux prévenir et prendre en charge des maladies lourdes et de l’intérêt de consacrer des moyens supplémentaires pour s’assurer d’une société en bonne santé. L’investissement dans la santé a longtemps été présenté comme un coût, il est dorénavant perçu comme une solution d’avenir. Notre pays, fort de l’expérience acquise, doit pouvoir accélérer tout particulièrement sur certains champs dans lesquels nous avons pris un retard certain.

Dans le domaine de la prévention vaccinale, malgré les réformes engagées s’agissant des nourrissons, les politiques vaccinales de l’adolescent et de l’adulte sont en souffrance et de nouvelles réformes sont nécessaires – nouveaux points de vaccination, extension des compétences vaccinales, invitations systématiques à se faire vacciner à des âges clés, mise en place d’un carnet de vaccination électronique – pour bâtir un parcours de prévention tout au long de la vie en lien avec d’autres actions (activité physique, alimentation, etc.). Le bilan de la politique vaccinale reste aujourd’hui mitigé : notre pays n’atteint aucun de ses objectifs en termes de couverture vaccinale, que ce soit chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte. Oser investir dans la simplification du parcours vaccinal nous permettra de prévenir des maladies infectieuses évitables et de maintenir notre population en bonne santé.

S’agissant du soin, de nombreuses innovations médicamenteuses sont en développement notamment dans le champ du cancer qui reste une des premières causes de mortalité en France. Nous devons nous réjouir de cette période qui voit les efforts de recherche aboutir, qui permet de combler des vides thérapeutiques et d’améliorer de manière inédite la condition des malades.

Il faut pouvoir accueillir ces innovations en passant d’une logique comptable lorsque l’on considère les dépenses de santé et de médicament, à une logique d’investissement à long terme. De manière concrète, une première mesure consisterait à bâtir un budget et à investir en réponse à des besoins de santé publique clairement identifiés. En parallèle, il est nécessaire de construire un dispositif de veille prospective sur les innovations et les évolutions épidémiologiques pour mieux anticiper et adapter notre écosystème aux enjeux futurs. Parce que la santé ne peut pas être vue comme un enjeu de court terme, ce budget doit pouvoir s’envisager sur plusieurs années, donnant ainsi de la visibilité à l’ensemble des acteurs.

Au-delà des réformes de fond, il faut aussi oser changer de méthode. Pendant de nombreuses années, la participation de notre secteur industriel au progrès thérapeutique a été questionnée et notre rôle souvent caricaturé. La pandémie de COVID-19 a rappelé l’apport majeur des industriels dans le développement de solutions innovantes et sa grande capacité de réaction. Grâce à son expertise, à ses investissements et à un partenariat enfin assumé par les gouvernements, l’industrie du médicament met progressivement à disposition un large éventail de solutions préventives et thérapeutiques contre un virus encore inconnu il y a plusieurs mois. Les pouvoirs publics doivent oser un partenariat public-privé renforcé avec notre industrie s’appuyant sur des engagements mutuels et de long terme. Pour faire face aux nombreuses menaces pour la santé publique, la priorité doit être à l’investissement dans la recherche, à tous les niveaux, pour répondre aux besoins médicaux non couverts et pour se préparer à l’émergence de nouveaux dangers.

La pandémie a fait naître des défis nouveaux et de grande ampleur, nécessitant une réponse immédiate et à la hauteur des difficultés rencontrées. Oser investir dans la santé, la prévention et les produits de santé est sans conteste la stratégie gagnante pour l’avenir.