Tribune

deux personnes portant des masques chirurgicaux se saluent
la France peine en matière de prévention avec seulement 3 % de ses dépenses de santé consacrées à la prévention.

Pierre-Valentin Martinel

Pharmacien, Chef de service santé, solidarité et famille à la Région Île-de-France

« 40 % des cancers sont évitables grâce à une meilleure hygiène de vie »1, près d’1,9 million de décès prématurés évitable par la prévention2 : ce slogan de l’Institut de lutte contre le cancer et ce chiffre de l’OCDE en faveur de la prévention et de la promotion de santé ne manquent plus. Nous les connaissons tous ! Pourtant, le retard est bien là, la France peine en matière de prévention avec seulement 3 % de ses dépenses de santé consacrées à la prévention. La marche est haute et il fallait un électrochoc pour une prise de conscience collective, c’est ce que la crise sanitaire Covid-19 semble entraîner dans sa dynamique de relance pour une prévention qui ne soit plus portée uniquement par des campagnes nationales mais davantage déclinées localement. Des cabinets de conseils internationaux, qui auparavant faisaient de la santé un levier d’économie, prônent aujourd’hui la relance en faisant de la prévention sanitaire un moteur économique. Pour McKinsley, les deux tiers des effets escomptés sur l’amélioration de l’économie française liés à un investissement dans la santé seraient produits grâce à la prévention.

Ainsi, l’hyper proximité, l’autonomie des établissements pour mener des actions de prévention, le maillage des professionnels de santé ou encore la prise de conscience que la prévention ne s’appré- cie pas uniquement sur le champ de la santé sont les ingrédients réunis à l’échelle régionale en faveur du développement de notre politique de prévention.

Ce changement qui s’opère doit se faire en direction d’une « hyper-proximité en prévention », il s’agit de promouvoir une action au plus près des territoires pour toucher les publics. Le développement de l’autonomie des universités et des lycées ouvre de nouveaux champs permettant aux établissements de mettre en œuvre leurs propres actions de prévention. Chaque proviseur peut adapter sa politique de prévention en fonction des situations. Il peut, par exemple, solliciter en direct la Maison de Marion, structure unique en France inaugurée au début du mois de novembre, qui intervient sur la prévention du harcèlement scolaire. La structure offre un accompagnement à 360° prenant en charge les jeunes victimes de harcèlement et les enseignants pour former au repérage et à la prise en charge de ces jeunes.

L’adressage et le relai vers les professionnels de santé sont primordiaux, au-delà d’une information donnée, chacun doit être orienté vers une solution. Un outil numérique développé par la Région Île-de-France, l’iPassContraception cartographie les professionnels de santé permettant ainsi aux jeunes de développer leur parcours contraception/grossesse en s’adressant aux bonnes personnes avec les bonnes informations. Nous nous appuyons sur un maillage d’acteurs locaux.

L’échelle régionale ouvre ces possibilités d’hyper- -proximité et de lien avec les professionnels de santé. La Région Île-de-France présente les capacités pour analyser, avec son organisme associé, l’Observatoire Régionale de Santé, qui a développé InTerSanté, application offrant des indicateurs territorialisés de santé. De la commune au département plus d’une centaine d’indicateurs sont référencés. La compétence régionale en matière d’analyse ne s’arrête pas là puisque depuis la loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de 2015, les Régions ont une nouvelle compétence de coordination de l’information géographique. Les Régions ont ainsi pour mission de compiler, actualiser et produire les données en lien avec l’ensemble des acteurs. Son champ pourra s’appliquer à la santé. Ces outils sont de véritables aides à la prise de décision pour cibler nos actions de prévention. Afin de mettre en œuvre sa politique de santé, la Région peut compter sur Île-de-France Prévention santé SIDA, ses équipes sont capables d’intervenir dans les lycées ou les établissements de l’enseignement supérieur, plus de 100 000 jeunes touchés chaque année. En son siège à Pantin, cet organisme associé de la Région dispose également de son propre espace d’accueil de jeunes. Avec leur capacité de formation, ils peuvent augmenter leurs capacités en Île-de-France ; formant les équipes du service civique pour des actions de prévention santé ou encore des enseignants des IFSI.

Ces outils combinés à nos capacités humaines pour « aller vers » les publics, permettent le ciblage des besoins et l’intervention au plus près. L’usage du numérique permet d’aller plus loin dans l’adressage de messages, l’espace numérique de travail des lycéens franciliens, Monlycée. net, permet de diffuser de l’information aux jeunes, aux professeurs et aux parents, premiers acteurs de prévention auprès de jeunes.

Enfin, la prévention et la promotion de la santé ne sauraient relever uniquement du champ sanitaire. L’approche se veut transversale, chacun doit s’en saisir. À l’échelle d’une Région, elle doit s’apprécier sous toutes ses formes tant sur le développement économique que sur l’environnement dans le cadre de l’amélioration de la qualité de l’air ou encore de la lutte contre les perturbateurs endocriniens.

Enfin, la prévention et la promotion de la santé ne sauraient relever uniquement du champ sanitaire. L’approche se veut transversale, chacun doit s’en saisir. À l’échelle d’une Région, elle doit s’apprécier sous toutes ses formes tant sur le développement économique que sur l’environnement dans le cadre de l’amélioration de la qualité de l’air ou encore de la lutte contre les perturbateurs endocriniens.

1 « Une année porteuse d’espoirs », Rapport d’ac- tivité 2018, INCA.

2 « Panorama de la santé 2019 », OCDE.