INTERVIEW
Les principales évolutions que nous souhaitons voir se concrétiser sont, tout d’abord, une évolution du système de prise en charge

Dominique Fillonneau

Directeur Général d’Orthoway

Quelles sont les principales spécificités du Grand Appareillage Orthopédique externe sur mesure ?

Le G.A.O concerne exclusivement les  appareillages sur mesure conçus et réalisés pour chaque patient. Chaque appareillage répond à un spectre très large de fonctions :

• Il permet, tout d’abord une compensation du handicap. Prenons l’exemple des prothèses qui remplacent un membre manquant : elles redonnent aux patients une fonction perdue comme la marche dans le cas de l’amputation du membre inférieur. Pour l’amputation du membre supérieur, elles restituent des fonctions partielles, les mouvements des mains bioniques les plus perfectionnées demeurant basiques au regard de la complexité des gestes de la main.

• Le G.A.O assure une fonction de traitement des pathologies osseuses ou articulaires. Le traitement de la scoliose par corsets orthopédiques apporte un bénéfice thérapeutique prouvé.

• Le G.A.O pallie aux malformations congénitales. Les solutions apportées aux patients sont multiples.

Chaque appareillage est donc unique et personnalisé et répond aux besoins individualisés des patients dans le cadre d’un parcours de soin pluridisciplinaire.

Le G.A.O est fortement encadré par les autorités : à la suite d’une demande d’accord préalable, la prise en charge relève presque exclusivement de la Liste des Produits et Prestations Remboursées (LPPR), au tarif opposable.

Quelles sont les principales évolutions que vous souhaitez voir se concrétiser pour faire évoluer votre profession ?

Les principales évolutions que nous souhaitons voir se concrétiser sont, tout d’abord, une évolution du système de prise en charge.

A ce jour, ce système ne répond pas aux besoins des acteurs du G.A.O. il n’est plus en phase avec le projet de vie des patients.

La LPPR est devenue obsolète, elle décrit la constitution des appareillages et non sa fonction. Dans l’idéal, cette nomenclature devrait être un guide à la prescription, compréhensible par tous et en phase avec le projet de vie des patients. Il faudra concevoir un modèle dynamique de réactualisation des lignes afin de pérenniser l’équité de la nomenclature.En outre, la fixation d’une nouvelle grille tarifaire devra se caler sur cette nouvelle nomenclature. 

Par ailleurs, une redéfinition du processus d’inscription des innovations devrait également voir le jour pour afin de l’adapter aux caractéristiques du GAO et aux besoins de compensation du handicap.

Bien sûr, toutes ces propositions devront être à iso coût/iso périmètre pour la puissance publique.

Qu’attendez-vous de ces échanges dans le cadre des Premières Assises Nationales de l’Appareillage Orthopédique ?

Notre profession est mal connue du grand public. Derrière les exploits sportifs des athlètes handisport se cachent des orthoprothésistes qui adaptent les lames de course. La bonne adéquation entre le patient et l’appareillage est garant du confort de vie au quotidien des personnes handicapées. L’orthoprothésiste joue un rôle déterminant dans la reprise du travail, le sport, l’appareillage des enfants, mais aussi des personnes âgées. Nos interventions sont multiples.

Ces premières Assises Nationales de l’Appareillage Orthopédique sont pour nous l’occasion d’interpeller les hommes politiques et les hauts fonctionnaires, sur la nécessaire révision du système de prise en charge des patients (refonte de la nomenclature du GAO, méthodologie tarifaire, processus d’inscription).