CE PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ NOVATEUR À L’ÉPOQUE LE RESTE 20 ANS PLUS TARD CAR CE « MARIAGE DE RAISON » A ASSURÉ LA PÉRENNITÉ DE L’OFFRE DE SOINS LOCALE

Alain de Haro

DIRECTEUR GÉNÉRAL DU CENTRE HOSPITALIER DE CARPENTRAS ET DE L’HÔPITAL DE SAULT

Une première en France qui repose sur une complémentarité gagnante

Il y a 25 ans, les deux cliniques et l’hôpital public de Carpentras (Vaucluse) étaient menacés et invités par les autorités de tutelle à rechercher des solutions ensemble. On comptait trois blocs opératoires concurrents pour ces trois structures, deux maternités, deux urgences (une privée et une publique) et ces trois établissements périclitaient.

Après une longue concertation entre les acteurs, le projet se concrétise. Fin 2001, le premier pôle santé public-privé français voit le jour. L’hôpital public et la clinique Synergia, rassemblant désormais les deux cliniques, sont réunis dans un bâtiment commun sur un terrain de quatre hectares à l’entrée de la ville. L’ensemble a nécessité un investissement de 19,81 millions d’euros. Ce partenariat public-privé novateur à l’époque le reste 20 ans plus tard car ce « mariage de raison » a assuré la pérennité de l’offre de soins locale.

Une répartition non concurrentielle des autorisations

La répartition des activités a mis fin aux concurrences « suicidaires » entre établissements.

L’hôpital conserve les autorisations des urgences, de la maternité, de la médecine polyvalente et de la gériatrie. La clinique a les autorisations des chirurgies, sauf gynécologiques et obstétricales conservées par l’hôpital public. En contrepartie, un scanner en GIE (Groupe- ment d’Intérêt Économique) est accordé par la DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales), dès l’ouverture.

Une complémentarité intelligente associée à une belle entente

Un tableau de permanence des soins médicaux commun est organisé avec les chirurgiens libéraux (viscéraux et orthopédistes) de la clinique pour conforter les urgentistes du Centre Hospitalier de Carpentras. Sont mutualisés notamment : la stérilisation assurée par la clinique, la pharmacie à usage interne réalisée par le Centre Hospitalier de Carpentras, pour le compte également des Soins de Suite et de Réadaptation (SSR), un Groupement de Coopération Sanitaire (GCS) de sénologie du Ventoux (autorisation partagée sur le cancer du sein), un pôle d’accueil médico-judiciaire et la restauration assurée par le Centre Hospitalier (900 repas jour).

Une autonomie respectée avec des charges communes sur des fonctions supports

Une gestion autonome de chaque entité avec une charte de copropriété commune qui définit la quotité des charges communes (réseaux TGBT, chaufferie, politique de sécurité incendie et de sureté commune, etc.).

Deux réunions annuelles permettent le suivi de la politique générale de projets croisés, de communications partagées, dans le respect intangible du principe de non-concurrence entre les entités.

20 ans d’âge et toujours en développement

Un nouvel élan de développement accru depuis 2013 :

• Arrivée sur le site du pôle santé du SSR de 66 lits gérés par l’UGECAM (Union pour la Gestion des établissements de Caisses d’Assurance Maladie) et de 40 lits de psychiatrie du Centre Hospitalier de Montfavet avec deux unités de soins (dont une fermée) ;

• Transfert de deux unités d’hémodialyse d’une capacité totale de 28 lits, gérées par l’ATIR (Association de Traitement de l’Insuffisance Rénale) ;

• Création des espaces extérieurs et de stationnement en lien avec la polyclinique Synergia ;

• Extension du Centre Hospitalier de Carpentras (13 451 m2) afin d’augmenter la superficie de la pharmacie, du magasin central, des archives et ainsi libérer de la superficie au service maternité ;

• Location du cinquième étage à une structure d’accueil de jour pour enfants autistes.

Aujourd’hui, la surface totale du pôle représente 34 515 m2.

Une phase 2 d’extension en cours :

• Installation récente d’un deuxième scanner ;

• Démarrage le 7 mars 2020 d’une MMG (Maison Médicale de Garde) durant les week-ends ;

• Ouverture prochaine, à proximité du pôle santé, d’un nouveau centre « ATLAS » de 2 900 m2, spécialiste de la tête et du cou. Il réunira une vingtaine de professions médicales et sera le seul centre dans le Vaucluse à détenir le laser utilisé en chirurgie réfractive ;

• Extension des urgences afin de doubler les surfaces qui passeront à 1 800 m2 pour un montant de 8,7 millions d’euros. Le Centre Hospitalier travaille sur l’esquisse de la restructuration des urgences générales, dimensionnées au départ pour 15 000 passages par an alors qu’elles totalisent 29 444 passages en 2019 ;

• Projet d’un centre de sommeil en partenariat avec un centre spécialisé. Le pôle santé envisage de créer un Groupement de Coopération Sanitaire (GCS) de moyens pour ouvrir une nouvelle unité de diagnostic et soins du sommeil.

Ce pôle santé n’a pas vraiment d’équivalent, ni en PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur), ni ailleurs. La qualité des soins de proximité qui sont dispensés et le parcours des patients sont appréciés. Maintenir un haut niveau de coopération et une bonne entente demandent beaucoup d’énergie, de la volonté et une bonne dose de communication entre les partenaires du pôle. Mais dans notre belle ville de Carpentras, inscrite dans l’Histoire du Comtat Venaissin et la papauté, il était naturel que l’œcuménisme soit préféré aux guerres de religion.