CETTE CRISE GRAVE, DRAMATIQUE, MEURTRIÈRE A AUSSI MIS EN LUMIÈRE LES VULNÉRABILITÉS DE NOTRE SOCIÉTÉ, LA FRAGILITÉ DE CERTAINS CITOYENS PLUS TOUCHÉS PAR LA CRISE

Théo Klargaard

PUBLIC AFFAIRS MANAGER À NOVO NORDISK

La crise sanitaire nous a tous surpris, pris de court, elle a arrêté le temps qui défilait sur nous, a suspendu un souffle qui rythmait nos journées, nos semaines, nos vacances. Personne ne l’a vu venir, ni en a réellement mesuré l’ampleur.

Cette crise sanitaire, cette suspension du temps, a mis sur le devant de la scène médiatique, politique, économique et sociale un sujet longtemps relégué à des sous-thèmes de notre société : la santé.

Aurions-nous réalisé que la santé était l’un des piliers de notre Protection sociale elle-même fondement de notre République ? Aurions-nous donc « pensé d’une nouvelle manière à des choses anciennes auxquelles on a bien eu tort de ne plus penser : la République, l’État, l’intérêt général, la Nation » comme l’a récemment suggéré Régis Debray.

Comment allons-nous désormais envisager l’après-crise ? Non pas comment gérer le déconfinement, mais plutôt comment gérer la fin des cloisonnements, si présents dans la société française. Le cloisonnement de l’hôpital et de la médecine de ville. Le cloisonnement entre les organismes publics et les entreprises privées. Le cloisonnement entre Paris et le reste de la France.

Nous le voyons, sur chacun de ces sujets, le cloisonnement a lui aussi été suspendu à l’épreuve de la crise. La médecine de ville a joué son rôle de « gardien », de pivot du système de santé, en prenant en charge les patients infectés, en évitant de surcharger les services hospitaliers lorsque cela n’était pas nécessaire ; des industriels sont venus contribuer et ont apporté leur pierre pour faire face à la crise (ex : le Groupe LVMH avec la fabrication de gel hydroalcoolique pour les soignants hospitaliers ou le laboratoire danois Novo Nordisk avec le soutien des personnes précaires impactées par la crise par un mécénat aux Banques Alimentaires) et, enfin, le Gouvernement a donné un cadre pour l’organisation de l’après-crise en laissant une marge de manœuvre presque inédite à l’échelon local délaissant – un peu – l’habitude hypercentralisatrice à la française.

C’est sans parler de l’explosion – inédite – de la santé digitale en France avec la généralisation des téléconsultations, la mise en place de solutions innovantes pour le suivi des personnes infectées comme COVIDOM (consortium AP-HP, Nouveal, J&J et Novo Nordisk) ou StopCovid qui ont apporté un souffle d’innovation à des problématiques certes immédiates et d’une grande ampleur, mais pas si nouvelles.

Cette crise grave, dramatique, meurtrière a aussi mis en lumière les vulnérabilités de notre société, la fragilité de certains citoyens plus touchés par la crise : les personnes en extrême précarité, les diabétiques, les per- sonnes atteintes d’obésité, les personnes âgées…

Cette crise sanitaire, laissera probablement à la santé – et notamment au service public hospitalier – la première place qu’elle mérite en termes de ressources humaines et de financement, mais aussi et surtout, de projet de société : quelle santé voulons-nous pour la France ? Quelle organisation structurelle, territoriale, économique ? La santé est en ce sens résolument politique. C’est en tous les cas ce qu’elle doit être.