Interview

Étienne TICHIT , Corporate Vice-Président de Novo Nordisk
L’entreprise s’investit pleinement dans la prévention du diabète et de l’obésité, que nos spécialités pharmaceutiques participent à traiter

Étienne TICHIT
Corporate Vice-Président de Novo Nordisk

Novo Nordisk se positionne comme une entreprise engagée. Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?

Novo Nordisk, entreprise de Santé engagée pour les personnes atteintes de maladies chroniques et rares

Outre la production de médicaments, la recherche et le développement de nouveaux traitements dans les pathologies chroniques et rares, Novo Nordisk est engagé dans une véritable approche holistique en santé. L’entreprise s’investit pleinement dans la prévention du diabète et de l’obésité, que nos spécialités pharmaceutiques participent à traiter. Nous avons la conviction que notre rôle, par notre connaissance de ces maladies, doit être aussi de diminuer leur survenance en comprenant leurs causes afin d’envisager plus d’années en bonne santé pour les patients et maintenir une soutenabilité de notre système de Santé. Par exemple, nous avons fait le constat que deux tiers des personnes diabétiques de type 2 vivent en ville. C’est un chiffre qui reflète l’influence de l’environnement urbain sur les modes de vie. La hausse exponentielle du surpoids et de l’obésité joue un rôle considérable dans la progression du diabète.

Novo Nordisk, entreprise de Santé engagée dans la prévention

Nous avons en ce sens lancé le programme Cities Changing Diabetes, d’abord à Copenhague, puis dans 40 villes du monde et notamment à Strasbourg en partenariat avec la Ville et l’Eurométropole, pour tenter d’influer sur les modes de vie des personnes favorisant l’émergence et l’apparition de maladies chroniques. Cela passe par des activités sportives adaptées pour les adultes et enfants scolarisés diabétiques ou en situation d’obésité, par la mise en place de séances de dépistage du diabète (et de ses complications) ouvertes au grand public, par des cartographies fines de l’épidémiologie du diabète et de l’obésité sur les territoires, conduites avec des centres de recherche locaux (l’Observatoire régional de santé notamment) ; par l’installation de serres connectées, l’élaboration d’ateliers de cuisine itinérants ou encore de sessions de sensibilisation au bien manger auprès des publics vulnérables, en lien avec le réseau des Banques alimentaires. Dans le prolongement de cette démarche multi-acteurs, et pour porter les sujets de prévention et de prise en charge auprès des pouvoirs publics, nous avons rejoint une coalition d’acteurs impliqués dans la lutte contre l’obésité, composée de représentants d’associations de patients (CNAO et Ligue contre l’obésité), de professionnels de santé (SOFFCOM et AFERO), d’acteurs de la lutte contre la précarité alimentaire (Fédération nationale des banques alimentaires) et d’un think tank engagé sur les sujets de protection sociale (CRAPS).

Novo Nordisk, entreprise de Santé engagée dans la production locale, à Chartres et en Europe

Présent depuis 1961 en France, à Chartres, Novo Nordisk produit des antidiabétiques « Made in France » fournissant chaque jour plus de 8 millions de patients en France, en Europe et dans le monde. C’est donc une entreprise engagée de par sa raison d’être : faire en sorte que les personnes atteintes d’une maladie chronique puissent bénéficier d’un traitement leur permettant de profiter pleinement de la vie.

Si notre mission a du sens, nous sommes convaincus chez Novo Nordisk que la manière d’atteindre nos objectifs doit en avoir aussi. Lorsque Novo Nordisk investit dans un pays, l’entreprise y apporte bien plus que de l’activité : elle est porteuse d’engagements environnementaux et sociaux. C’est pourquoi nous misons autant sur la conduite d’une solide démarche de prévention, mentionnée précédemment, que sur l’investissement, la croissance de l’emploi et le développement de la RSE.

Novo Nordisk, entreprise de Santé engagée dans l’emploi de pointe

En matière d’employabilité, nous avons créé, début 2022, 150 postes à Chartres pour augmenter la production du site de 20 % et permettre l’assemblage et le conditionnement d’un médicament de la classe des analogues du GLP-1, en plus des produits insuliniques fabriqués historiquement. Un nouveau laboratoire de deux niveaux de 1 600 m2 au sol a vu le jour. En juin  2022, Novo Nordisk a reçu le trophée de la Meilleure implantation étrangère en France de la part de CCI International et Business France, traduisant un engagement fort et ancien dans la création de richesses et d’innovations économiques en France.

Novo Nordisk, entreprise de Santé engagée dans la responsabilité environnementale

Notre groupe poursuit l’objectif ambitieux de zéro carbone d’ici 2030 (stratégie énergétique du groupe « Circular for zéro »), et renouvelle son score « Carbon Disclosure Project » au niveau A. À Chartres, une première chaudière biomasse a été mise en service en 2022 couvrant 85 % des besoins en vapeur industrielle nécessaires aux procédés de production et au chauffage des bâtiments. Il s’agit aussi, pour le groupe, de s’approvisionner en gaz issus d’unités de méthanisation pour éliminer le CO2 des 15 % de production de vapeur issus de chaudières à gaz, et de se fournir en électricité depuis des fermes éoliennes offshore situées en mer du Nord. Tous les sites de production du groupe s’approvisionnent depuis 2020 en énergies renouvelables. Nous réduisons également nos consommations d’énergie et d’eau, alors même que la production des stylos d’insuline a continué d’augmenter. Également, notre programme « Returpen », dont l’expérimentation va être lancée en janvier  2023, vise à recycler les millions de stylos à injection utilisés par les patients atteints de diabète, de troubles de la croissance ou en situation d’obésité, par voie postale ou via la collecte en pharmacie. Fort de ces expériences, Novo Nordisk a été désigné chef de file sur la feuille de route de décarbonation de l’industrie confiée par la FEFIS et le Conseil national de l’industrie, et plusieurs recommandations seront présentées aux autorités d’ici la fin d’année.

Novo Nordisk est un acteur industriel créateur d’emploi dans son territoire, et est nécessairement attentif aux déclarations et actions des décideurs publics. Avec le PLFSS 2023 et le nouveau cadre conventionnel, s’ouvre une nouvelle séquence de dialogue. Qu’en pensez-vous ?

Novo Nordisk emploie plus de 1 550 collaborateurs en France et a investi un demi-milliard d’euros en 20 ans sur son site de Chartres, 2e site de production du groupe. Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron avait ouvert la voie à des avancées majeures pour investir en France : renforcement d’une plateforme de discussion avec les industriels via le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), mise en place d’un cadre économique attractif pour les investisseurs étrangers via Choose France, baisse des impôts de production, nouvel accord-cadre, etc. Une ambition était portée de manière collective : réindustrialiser la France. Or, nous faisons un constat inquiétant avec le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023 qui ouvre ce deuxième quinquennat : le texte adopté pénalise fortement la croissance des industriels, comme Novo Nordisk – entreprise qui innove pourtant dans la prise en charge des maladies chroniques et investit massivement en France, pour la production et la recherche, depuis plus de 20 ans. En outre, ce texte va à l’encontre de ce que les industriels et les pouvoirs publics affichaient comme ambition commune lors du CSIS 2021, au lendemain d’une crise sanitaire ayant mis en exergue les faiblesses de notre système de santé.

Avec ce PLFSS 2023, les industriels, pourtant acteurs de la souveraineté sanitaire française, font face à un manque de prévisibilité et de stabilité. De manière cumulative, ils sont impactés par une forte pression sur les prix – déjà les plus bas d’Europe en France – et un contexte inflationniste qui n’avait pas été observé depuis les années 1980. Conséquence de ce tableau semblant être inévitable dans le cadre législatif et réglementaire actuel : la baisse d’attractivité de la France, malgré des conditions favorables fixées par le président de la République lors de son premier mandat.

Vous l’avez souligné, une nouvelle séquence de dialogue s’ouvre avec le nouveau cadre conventionnel, le nouvel exécutif et le PLFSS 2023. Il faut porter collectivement une vision sociétale de nos industries de santé, ce que nous essayons de faire au quotidien à l’échelle du groupe. Pour ce faire, il est nécessaire de renouer un dialogue de confiance avec les pouvoirs publics, et poursuivre ce qui avait été commencé lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Cela semble indispensable afin d’en- visager un élargissement du financement des maladies chroniques. Le médicament ne peut être la variable d’ajustement lors des prochains PLFSS, celui-ci ne représentant désormais que 10 % du coût total pour la Sécurité sociale.

En quoi le CNR est une occasion à saisir pour renforcer la capacité de dialogue entre vous, les décideurs publics et vos parties prenantes ?

Le Conseil national de la refondation (CNR) est une instance souhaitée par le Gouvernement pour trouver de nouvelles coopérations, notamment avec les acteurs territoriaux. Un nouveau cadre de dialogue pourrait être en ce sens imaginé entre les ARS et les industriels, par exemple. Plus particulièrement, le CNR Santé pourrait représenter un vecteur pour la coalition obésité, permettant de contribuer au plan d’actions nationales en matière de prévention des maladies chroniques dans les territoires. En cela, le CNR est important puisqu’il favorise la duplication à plus grande échelle de ce qui fonctionne dans d’autres territoires.
 
La « refondation » en matière de lutte contre les maladies chroniques implique plusieurs leviers majeurs : accroître le niveau de financement de l’innovation thérapeutique pour lutter contre les maladies du quotidien ; développer la prévention portée par les acteurs de terrain avec le soutien des ARS, tant à l’hôpital, qu’en ambulatoire, ou dans les établissements médico-sociaux ; repenser la prise en charge de premier recours des maladies chroniques en renforçant les délégations de tâches vers les médecins généralistes et permanences des soins, en fonction de la démographie médicale ; et enfin, soutenir la production, verte et décarbonée, en faveur de la souveraineté européenne du médicament. Sur ce dernier point, Novo Nordisk promeut deux avancées : l’accord d’une préférence aux producteurs européens majoritaires dans l’achat public ; des incitations venant reconnaître les efforts au long cours des industriels sur le sol français, en termes d’emplois, de production, de R&D, etc.